Et pour aider à cette analyse, je vais, entre autres, me servir de l’expérience que j’ai eue, en 2019, pour le remplacement de toutes les fenêtres de mon petit bungalow. On parle en fait ici de huit fenêtres et d’une porte-patio. Et donc, en incluant la porte-patio qui est de 2 lumières, le nombre total de lumières pour tout le projet était de 22 et les dimensions, autant pour les fenêtres que pour la porte-patio, sont des dimensions très régulières pour ce genre d’habitation. À signaler, il n’y a pas eu de changement de dimensions pour les ouvertures brutes ce qui aurait fait augmenter passablement les coûts de main-d’œuvre.
LE RENDEMENT ÉNERGÉTIQUE
Le facteur énergétique est assurément maintenant le principal facteur à considérer en ces années de transfert énergétique vers les énergies vertes, ceci puisque ces énergies vont nous coûter beaucoup plus cher, il ne faut pas en douter. Mais, malgré tout, faut-il qu’il y ait une amélioration significative de ce rendement, entre le verre double scellé de bonne performance et le verre triple scellé aussi de bonne performance, pour justifier cet achat?
Donc, regardons cela en fonction de mon petit projet de remplacement de fenêtres à mon bungalow. Pour ce projet, ne voulant pas faire augmenter les coûts inutilement, j’ai cherché des produits que je savais courants mais qui restaient aussi avec de bonnes performances ainsi que bien adaptés à notre climat. Voici donc, au niveau du vitrage, les produits pour lesquels j’ai demandé des prix :
Verre double scellé incluant :
Double verre clair, régulier, de 3mm ou 4mm d’épaisseur selon les dimensions du panneau thermos.
Épaisseur total de 22.2mm (7/8’’).
Intercalaire non-conducteur type TGI SPACER de la compagnie Technoform, de 16.2 mm (5/8’’) de profondeur si verre de 3mm, blanc.
Enduit à faible émissivité « soft coat » (Low-E) type PLANITHERM LUX de la compagnie Saint-Gobain en face 3.
Argon à 90 %.
Verre triple scellé incluant :
Triple verre clair, régulier, de 3mm ou 4mm d’épaisseur selon les dimensions du panneau thermos.
Épaisseur total de 31.8mm (1 1/4’’).
Intercalaires non-conducteurs type TGI SPACER de la compagnie Technoform, de 11.4mm (7/16’’) de profondeur si verre de 3mm, blanc.
Enduits à faible émissivité « soft coat » (Low-E) type PLANITHERM LUX de la compagnie Saint-Gobain en faces 3 et 5.
Argon à 90 %
Et le rendement énergétique de ces produits, avec des intercalaires de 12.7mm (1/2’’) sur tous les produits pour fin de comparaison, était le suivant :
Pour le verre double scellé :
RSI : 0.66 USI : 1.52 RIP : 3.73 UIP : 0.27
SHGC : 0.72 TRANSMISSION LUMINEUSE : 81%
Pour le verre triple scellé :
RSI : 1.27 USI : 0.79 RIP : 7.19 UIP : 0.14
SHGC : 0.61 TRANSMISSION LUMINEUSE : 73%
Et même si la profondeur des intercalaires a une influence d’environ 13 % sur le rendement thermique, en plus ou en moins (11.4mm à 12.7mm et à 16.2mm), il demeure, malgré tout, qu’il y a une forte augmentation du rendement thermique entre ces deux produits. Cette augmentation est donc, toujours en comparant avec des intercalaires de 12.7mm (1/2’’) sur les deux produits, de :
RSI 1.27 / RSI 0.66 = 1.924 = augmentation de 92 %
Et de plus, comme nous pouvons aussi le constater, les deux produits offraient donc une très bonne performance pour le SHGC (Solar Heat Gain Coefficient), ce qui est très important dans un climat comme le nôtre comme plusieurs le savent maintenant. Et en plus, les deux produits conservaient un très bon pourcentage de transmission de lumière visible, malgré tout, compte tenu de leurs performances, ce qui est aussi très important comme plusieurs le savent aussi.
Remarques :
L’intercalaire non conducteur type TGI-SPACER de Technoform est un intercalaire que j’ai utilisé sur une multitude de projets majeurs, autant dans le domaine commercial, industriel qu’institutionnel, alors, j’étais vraiment très confortable avec ce produit pour mon petit projet. En fait, ce produit m’a même aidé à faire mon choix puisqu’il n’était pas disponible chez tous les soumissionnaires.
L’enduit à faible émissivité type PLANITHERM LUX de Saint-Gobain, que j’ai acheté pour mon projet, était distribué par la compagnie québécoise Therrmafix A.J. Inc. et ce produit était considéré comme un produit de haute performance pour notre climat. Plusieurs autres manufacturiers dans le domaine du vitrage offrent aussi maintenant des produits similaires.
L’INDICE DE TEMPÉRATURE « I »
L’indice de température « I », aussi appelé l’indice de résistance à la condensation, est un indice qui est mesuré en laboratoire lors de tests sur l’ensemble de la fenêtre. Durant ces tests, pour établir l’indice « I » pour le verre, plusieurs mesures de température sont prises sur le verre du côté intérieur et la moyenne de ces températures, combinée aux températures de la chambre de test du côté chaud et de la chambre de test du côté froid permettent d’établir l’indice. Il n’y a donc pas de lien direct entre l’indice de température « I » établi pour un panneau de verre quelconque, lors de ces tests, et les données publiées par le manufacturier de ce même panneau de verre. De plus, les données que fournissent les manufacturiers de vitrage isolant pour établir le facteur « U » sont toujours prises au centre du panneau de verre.
Comme exemple donc, prenons les coefficients qui ont été publiés par la compagnie Kawneer, pour sa série « 1600UT System 1 Curtain Wall » (voir à cet effet l’article qui a été publié sur ce site, soit : https://qc-ca.infodoorsandwindows.com/commandites/1600ut-system1-curtain-wall/), coefficients qui sont :
CONDENSATION RESISTANCE (CSA A440.2) :
1’’ DOUBLE-GLAZED INFILL :
I = 68
1-3/4’’ TRIPLE-GLAZED INFILL :
I = 78
Et donc ici, pour l’indice de température « I », aussi appelé l’indice de résistance à la condensation, l’augmentation est de :
I : 78 / I : 68 = 1.147 = augmentation de 15%
Et même si cette augmentation ne semble pas majeure, elle l’est malgré tout puisque d’avoir un indice de condensation « I » qui est proche de 80, pour un verre triple scellé installé dans un cadre en aluminium, cela est très significatif.
Pour plus d’information à propos de l’indice de température « I », svp, voir l’article suivant qui a été publié sur le présent site, soit : https://qc-ca.infodoorsandwindows.com/infos/lindice-de-temperature-i-important-ou-pas/.
LE CNB
Il y a eu une augmentation significative des exigences pour le rendement thermique du vitrage extérieur de nos bâtiments, au fil des ans, dans les différentes éditions du CNB. Nous sommes passés de rien ou de presque rien, dans les années 90, à des exigences « pour réduire au minimum la condensation » avec de nouvelles normes à respecter, qui sont de plus en plus exigeantes, ainsi que de nouveaux facteurs (coefficients) à respecter, qui sont aussi de plus en plus exigeants.
Dans l’édition actuellement en vigueur du Code de construction du Québec, soit le CNB 2010 – QUÉBEC 2015, il y a même un nouveau chapitre complet qui traite justement de l’efficacité énergétique. Ce nouveau chapitre, cette nouvelle partie, se nomme donc, vous l’aurez deviné, la « Partie 11 – Efficacité énergétique ». Et dans cette nouvelle partie il est justement question du rendement thermique pour le vitrage extérieur de nos bâtiments.
Voici donc des données obtenues au tableau 11.2.2.4 de cette nouvelle partie, converties pour fin de comparaison en différents facteurs :
Coefficients si moins de 6000 degrés-jours sous 18 C (sud du Québec) :
USI = 1.800 RSI = 0.556 UIP = 0.317 RIP = 3.155
Coefficients si 6000 ou plus de 6000 degrés-jours sous 18 C (nord du Québec) :
USI = 1.600 RSI = 0.625 UIP = 0.282 RIP = 3.546
Ces données sont des minimums à respecter et comme pour tous ce qui est exigé dans le CNB. À remarquer donc que les minimums exigés ici sont très proches des coefficients donnés ci-haut pour le « verre double scellé à haut rendement » qui a été considéré pour mon petit projet, à ma résidence.
Pour plus d’information à propos des exigences du CNB en regard du vitrage extérieur de nos bâtiments voir l’article suivant qui a été publié sur le présent site, soit : https://qc-ca.infodoorsandwindows.com/infos/vitrage-vs-isolation-vs-codes-du-batiment/
LA DISPONIBILITÉ
Depuis que je suis entré dans le domaine des portes et fenêtres, à la fin des années 70, le verre scellé était disponible autant en double verre qu’en triple verre. Je n’ai jamais donc eu de problème à obtenir du verre triple scellé pour mes projets. En fait, pour les manufacturiers de vitrage isolant, il s’agissait pour eux que d’ajouter une autre couche, une autre feuille, avec la même procédure, rien de plus, rien de moins.
Et pour les manufacturiers de portes et fenêtres qui ont des produits développés pour le domaine commercial, industriel et institutionnel, je peux vous confirmer que tous ou presque ont maintenant des alternatives qui permettent le triple verre et que ces alternatives sont assez bien fignolées. Ce n’est pas qu’au niveau commercial ou industriel qu’il y a une si forte demande pour du triple verre, c’est plutôt au niveau institutionnel que cela se passe. Dans ce segment, il y a maintenant une bonne demande pour du triple verre et les portes et fenêtres développées pour ce segment de marché sont les mêmes que celles développées pour les autres segments de ce même marché. Ces manufacturiers n’ont donc pas le choix de développer des portes et des fenêtres qui couvrent tous les segments de leur marché.
Là où cela a été et demeure encore beaucoup plus difficile, c’est surtout au niveau des manufacturiers de portes et fenêtres du domaine résidentiel. Et ceci est dû au fait que les panneaux de verre triple sont plus épais et qu’ils sont aussi plus pesants. Indépendamment du matériel de base utilisé, soit le pvc, le bois ou tout autre matériau, les designs développés dans les années 90, de leurs produits, ne permettaient pas de recevoir ces panneaux. Pour eux donc, le changement était important puisqu’ils devaient développer une nouvelle ligne de produit avec tout ce que cela implique dans leurs usines très automatisées. Certains l’ont fait correctement et d’autres à moitié seulement, en cherchant à conserver une partie de leurs anciens designs.
Revenons donc à mon petit projet de remplacement de portes et fenêtres à ma résidence. En magasinant, j’ai donc pu constater que certains manufacturiers du domaine résidentiel avaient fait de grands pas et que d’autres de très petits. Même si tous m’ont offert une alternative avec du triple verre, tous n’avaient pas vraiment adapté leurs produits pour recevoir du triple verre. Le principal problème que j’ai donc pu constater est que plusieurs manufacturiers avaient simplement changé la moulure à vitrage intérieure pour une plus petite, sur leurs anciens modèles, pour permettre le triple verre, sans que cela soit valable, puisque le vitrage ainsi fourni n’était pas assez épais. Pour un minimum d’efficacité avec un verre scellé, double ou triple, il faut que l’espace d’air entre les verres soit au minimum de 11.1mm (7/16’’).
LE POIDS DU VERRE
Pour les produits développés pour le domaine commercial, industriel et institutionnel, même si le verre utilisé dans ces produits est plus épais (5mm ou 6mm normalement) que dans le domaine résidentiel et donc plus pesants, à cause de la robustesse des cadres et des volets qui sont faits en aluminium et à cause de la quincaillerie utilisée, qui est plus robuste, il n’y a pas normalement de problème pour que ces produits reçoivent du triple verre.
Pour les produits développés pour le domaine résidentiel, par contre, même si le verre utilisé dans ces produits est moins épais (3mm ou 4mm normalement) que dans le domaine ci-haut mentionné, et donc moins pesant, et même si leur design avait été adapté au triple verre, leurs produits atteignent assez rapidement les limites imposées par la quincaillerie qu’ils offrent et les limites imposées par la robustesse de leurs cadres et de leurs volets, faits de matériaux beaucoup moins robustes que l’aluminium. Pour mon projet, comme les lumières étaient relativement petites, il n’y avait pas de problème avec les dimensions des fenêtres en pvc que j’ai commandées et la quincaillerie de Truth Hardware que j’ai aussi commandée. Par contre, donc, si vos lumières sont de bonnes dimensions, avec ce genre de matériaux et de quincaillerie, il demeure important de vérifier.
Pour information, voici un tableau très utile, que j’ai souvent utilisé par le passé, pour orienter mon choix de quincaillerie et m’orienter aussi pour la dimension des volets ouvrants lorsque j’utilisais de la quincaillerie de Truth Hardware (maintenant « Amesbury Truth ») :